Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode Des voix de l'OIT,
un podcast de l'OIT où nous abordons les problèmes
et les problématiques du monde du travail,
les profondes transformations qu'il est en train de vivre et bien sûr,
les effets de la pandémie.
[musique]
Aujourd'hui, nous allons parler des petites et moyennes entreprises,
de la manière dont elles peuvent se moderniser et en particulier,
comment elles peuvent aborder et financer leur transformation numérique.
Les PME ont tendance à être sous-digitalisées et peuvent donc avoir
du mal à tirer pleinement parti des possibilités offertes
à la numérisation.
C'est un problème,
étant donné qu'elle joue un rôle clé dans les économies
et les sociétés en tant que créatrice d'emplois et moteur de croissance.
Les PME contribuent en effet à 70 % des emplois dans le monde et jouent
un rôle crucial dans les efforts visant à mettre en œuvre l'Agenda 2030
pour le développement durable.
Que peuvent faire les PME pour se moderniser et se numériser.
Aujourd'hui, nous allons en parler avec Monsieur Tarek Ben Haj Ali,
fondateur et General Manager de Workman, qui est une entreprise de Tunis,
qui fabrique des vêtements de travail et d'entreprise pour le marché tunisien
et pour plusieurs pays européens.
Monsieur Ben Hadj Ali, merci d'être avec nous.
Merci à vous.
C'est avec plaisir.
Racontez-nous.
Quand avez-vous commencé à utiliser les instruments numériques
dans votre entreprise et pourquoi ?
Nous on a commencé déjà en 2004 avec notre premier site Web.
A l'époque, c'était un peu rare d'avoir des sites Web au niveau des entreprises
tunisiennes et surtout dans le vêtement de travail qui n'était pas très branché
à l'international.
Actuellement, on est à notre sixième site Web pour dire
qu'on est vraiment assez branché par rapport
à tout ce qui est communication sur le Net et la vitrine
de nos produits sur le Net.
Nous avons également fait les publications dans des réseaux sociaux
et nous avons pas mal de Community managers et des agences
de com sur lesquelles nous faisons des publicités et des publications
pour informer nos clients et essayer d'avoir de nouveaux clients
à travers ces réseaux sociaux. Vous m'avez dit pourquoi ?
C'est très simple.
Nous avions et nous continuons à avoir l'ultime conviction
que c'est l'avenir et puis, que c'est un moyen
de communication hyper efficace.
Ça nous a permis d'ailleurs d'avoir deux ou trois clients étrangers
qui étaient les premiers à nous solliciter sur Internet,
donc via email, en consultant notre site Web.
On a été parmi les premiers à avoir ce site-là et parmi les premiers
à répondre positivement à leurs demandes.
C'est des clients avec lesquels nous continuons à travailler
jusqu' aujourd'hui.
Vous avez fait ce choix qui a donc supposé est un effort.
Est-ce que vous avez aussi dû former des travailleurs pour utiliser
ces nouveaux instruments ?
Oui, au tout début, bien évidemment, ce n'était pas évident.
On a dû faire des petites formations pour tout ce qui est utilisation Web,
puisqu'on a essayé de le faire en interne.
Tout ce qui est mis à jour, des articles mis à jour des stocks
disponibles et tout ça.
De même, pour tout ce qui est Community management,
on a dû former deux personnes pour tout ce qui est communication digitale,
pour tout ce qui est infographie.
Aujourd'hui, on a quand même une équipe qui est composée
de trois personnes entièrement dédiées à l'utilisation du numérique
dans notre société.
Quels avantages cela vous a donné vis-à-vis de vos concurrents ?
Cet effort de numérisation,
C'est un avantage très visible et très important,
puisqu’on est les premiers à être référencés
sur les pages de recherche, Google en l'occurrence.
D'abord, ça augmente la notoriété de la société.
C'est important, ça donne confiance aux clients et puis,
nous recevons contrairement très probablement en tout cas
à l'époque,
plusieurs demandes de cotations, plusieurs demandes de collaboration.
Donc, c'était hyper bénéfique pour nous.
Même si vous êtes une petite entreprise,
vous avez l'impression de pouvoir jouer dans la cour des grands ?
Exactement, selon notre taille.
Bien évidemment, on ne va pas se hasarder à prendre des gros marchés,
mais comme vous le savez, la Tunisie dans les vêtements de travail,
les vêtements techniques, le secteur dans lequel nous opérons,
c'est plutôt la valeur ajoutée.
On est sur des petites quantités et relativement par rapport à l'Asie.
Quand nous parlons de petites, c'est 1 000 2 000 3 000 pièces,
on ne peut pas les comparer à 100 000 pièces en production en Asie,
mais à forte valeur ajoutée.
C'est la niche que nous recherchons et nous répondons très bien
aux demandes et aux besoins de nos clients,
surtout en termes de technicité et de savoir-faire et de réactivité,
de réassort et tout ça.
C'est un avantage de taille par rapport à nos clients étrangers,
en l'occurrence européens.
Je crois comprendre aussi que l'adoption du numérique a été une mesure
qui a assuré la survie de votre entreprise
pendant le confinement du Covid-19. C'est bien ça ?
Oui, tout à fait.
Je ne vous ai pas parlé avant, mais tous nos programmes
et toute notre base de données a été migré
au Cloud bien avant la pandémie,
parce que c'est pour une sécurité de données par rapport
à tout ce que l'on a entendu avant pour le piratage de données et cetera,
mais c'était une chance inouïe du fait que lors du confinement,
on était prêts pratiquement à travailler comme si on était au bureau.
Tous nos programmes, toute notre base de données,
elle est accessible sur Cloud,
donc tous nos managers étaient connectés entre eux,
avec moi-même et on a pu échanger et continue à gérer la société,
pas d'une manière normale,
puisqu'il a fallu bien évidemment un temps d'adaptation,
mais on s'est vite adapté et on a continué à travailler.
Je crois comprendre aussi que vous faites partie du programme score BIT
qui contribue à la résilience des PME
et ceci a aussi beaucoup contribué à vos efforts.
Oui, tout à fait.
Le BIT, le fait d'être adhérent à Score,
le premier module avec lequel on a commencé,
c'est tout ce qui est plan de continuité d'activité,
santé et sécurité au travail, ce qu'ils appellent PCA SST,
et ce programme nous a permis d'avoir les autorisations d'ouverture
alors que tout le monde était confiné.
Vis-à-vis du gouvernement tunisien, le fait qu'on soit certifié Score PCA SST,
ça nous a donné l'avantage important, concurrentiel de continuer
à travailler pendant le confinement,
ce qui nous a permis de servir nos clients sans interruption,
nos clients européens, essentiellement ;
puisqu'aussi on s'est reconverti dans la construction du médical
pour faire face à la demande croissante de ce genre de produits,
ce qui a été aussi important pour décrocher deux nouveaux clients
qui nous ont sollicités, donc c'était hyper bénéfique le programme Score
du BIT pour notre entreprise en tout cas.
Ça vous a permis d'être beaucoup plus agile et de réagir plus vite
aux changements du marché.
Tout à fait,
et surtout de capter des nouvelles demandes,
puisqu'on était ouvert et les autres étaient fermés.
D'ailleurs, à partir du moment qu'on a fait le programme Score
juste après ce programme PCA,
on a décidé de faire une triple certification.
L'ISO 9001, on l'avait, mais on a essayé d'adopter la nouvelle norme 9001,
mais surtout d'être certifié 45001,
qui est la santé et sécurité au travail et la 14001,
qui est relatif à la norme de respect de l'environnement.
On prend de l'avance par rapport à nos concurrents
sur ces deux points-là aussi.
Vous avez toujours une vision du futur dans le présent et je crois
que vous allez aussi continuer à vous moderniser et à vous numériser.
C'est bien ça ?
Exactement.
D'ailleurs.
Un des programmes que nous avons,
et un des projets c'est de créer une salle en visioconférence équipée,
avec des moyens modernes.
Ce n'est pas comme si on est chacun devant son ordinateur et cetera,
mais on essaiera quand même de faire des réunions de prod,
des réunions de validation de modèles,
de validation de prototypes par visioconférence.
La technologie existe,
donc il faut un peu investir par rapport à ça,
mais on a un projet en cours
et j'espère qu'il sera mis en place d'ici le premier trimestre 2022.
Vous conseillez aux PME d'investir dans ces efforts qui exigent du temps
et de l'argent justement pour pouvoir dont continuer à être performant
sur le marché.
Je conseille, je dirais même que c'est un facteur de pérennité désormais.
On n'a plus le choix, le monde a changé,
tout le monde est sur le digital maintenant.
Celui qui n'arrive pas à s'adapter à ce nouveau mode de gestion,
de management, de communication n'aura plus sa place malheureusement,
en tout cas sur les marchés européens ou autres.
Ça devient plutôt une obligation et une nécessité,
donc c'est une question de vie ou de mort.
Ce n'est plus un choix, il me semble.
Celles, donc les entreprises qui veulent rester sur le marché
doivent impérativement se reconvertir au digital.
Écoutez, merci beaucoup d'avoir partagé avec nous votre expérience.
Nous avons parlé avec Monsieur Tarek Ben Haj Ali
fondateur et general manager de Workman,
de la modernisation et la numérisation des PME.
Nous continuerons à parler des changements dans le monde du travail
dans les prochaines semaines.
Pour l'instant, c'est au revoir et à bientôt pour un prochain épisode
Des voix de l'OIT.
[musique]