Je m’appelle Ann. Je viens des Philippines. Je suis arrivée au Koweït en 2000.
J’ai travaillé comme domestique pendant quatre ans mais je n’étais pas traitée correctement. J’ai subi des sévices et des mauvais traitements. Ensuite, j’ai commencé à travailler dans la vente.
Puis en 2008, certains d’entre nous ont décidé de constituer un groupe de travailleurs domestiques pour profiter de notre temps libre, cuisiner et jouer ensemble. A l’époque, c’était la seule raison d’être du groupe mais, au fil du temps, les travailleurs venaient nous raconter leur histoire. Ils voulaient de l’aide.
C’est à ce moment-là que nous avons commencé à étudier la question et que nous avons créé des groupes de discussion avec des travailleurs, en particulier des travailleurs domestiques.
En 2010, nous avons fondé Sandigan Kuwait, un groupe plus sérieux qui milite pour la protection et le bien-être des travailleurs domestiques.
Sandigan Kuwait est un groupe de bénévoles. Nous rassemblons des bénévoles en fonction des activités que nous menons. Au début, nous avons étudié les procédures de notre ambassade et du gouvernement et nous avons commencé à examiner les problèmes plus graves que rencontrent les travailleurs domestiques. Cela ne se passe pas seulement ici au Koweït. Ces problèmes se posent aussi dans les pays d’origine.
L’organisation de travailleurs est très importante, surtout le secteur du travail domestique de l’organisation.
Il est essentiel que les travailleurs domestiques puissent exprimer leurs problèmes. Ce sont eux qui diront au gouvernement : « Hé, voilà l’expérience que je vis. Vous devez faire quelque chose à ce sujet ».
Grâce à ce que nous faisons, à savoir organiser les travailleurs, nous sommes en mesure de faire une meilleure recommandation à notre gouvernement pour contrôler les travailleurs et les politiques en place, afin de garantir que les travailleurs soient protégés.
En tant qu’organisation, Sandigan Kuwait et l’Association Sandigan des travailleurs domestiques du Koweït, nous assistons et évaluons les cas des travailleurs de différentes nationalités, de différents secteurs d’activité. Nous avons un programme de rapatriement, nous offrons une aide juridique, nous avons aussi des activités psychosociales. Nous avons un programme d’activités de subsistance pour les travailleurs domestiques tous les vendredis. En ce moment, nous leur proposons une classe de couture. Nous avons déjà terminé notre première session. Une deuxième session est destinée aux travailleurs domestiques éthiopiens. Ils apprécient vraiment d’acquérir de nouvelles compétences et aptitudes grâce à cette formation.
C’est un lieu sûr pour les travailleurs domestiques, surtout pendant leurs jours de congés, où ils peuvent apprendre beaucoup de choses. Au lieu de sortir pour leur jour de congé, ici ils apprendront au moins quelque chose de nouveau.
Chaque année, nous organisons un programme de reconnaissance pour les travailleurs domestiques et leurs employeurs. Beaucoup d'entre eux travaillent ensemble depuis 30 ans. Lorsque vous entendez leurs histoires, je pense que le facteur fondamental qui contribue à une bonne relation est le respect. Il faut se respecter mutuellement, quelle que soit la nationalité, quel que soit le travail. Ils doivent également respecter la loi, les droits, la culture et les traditions de l'autre parce qu'ils ont décidé de travailler ensemble. Ils pourraient facilement dire "Khallas, c’est fini", mais ils ont choisi d'être ensemble.
En 2013, quand nous avons commencé à faire du lobbying pour la loi sur les travailleurs domestiques au Koweït, la convention qui nous a été le plus utile, c’est la convention no 189 sur les travailleurs domestiques car c’est la base sur laquelle nous nous sommes appuyés.
Puis en 2018-19, Sandigan a supervisé la création de l’Association Sandigan des travailleurs domestiques du Koweït, une organisation de travailleurs domestiques.
Il y a eu beaucoup de changements au cours des 13 années écoulées !
Il reste encore beaucoup de défis à relever. La pandémie de COVID-19 a eu un impact particulièrement important sur les travailleurs domestiques. La plupart d’entre eux ont travaillé 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 parce que leurs employeurs restaient à la maison. L’un des défis que je peux citer est que les travailleurs domestiques ne sont pas prioritaires en matière de soins de santé: même quand un travailleur domestique a le COVID, on attend parfois de lui qu’il travaille.
Auparavant, personne ne parlait des travailleurs domestiques. Ils étaient là mais personne ne les voyait. Mais, au cours des 13 dernières années, il y a eu beaucoup de changements. Sandigan a valorisé la dignité des travailleurs domestiques. Nous faisons en sorte qu’ils soient visibles, que les gens parlent d’eux, de la question. Je pense que le fait de participer à la création de la loi sur les travailleurs domestiques au Koweït a été une grande réussite. Nous faisons partie du long parcours des travailleurs domestiques.