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Points de vue sur le monde du travail
Photo: GPE/Kelley Lynch
Le travail des enfants

Il faut toute une communauté pour mettre fin au travail des enfants

J’ai grandi à Makurdi, dans l’Etat de Benue au Nigeria, il était normal de voir des enfants travailler. J’ai toujours rêvé de combattre ce mal qui a profondément rongé notre société.

Je me suis engagée dans la lutte contre le travail des enfants parce qu’il menaçait des enfants de mon entourage. J’ai personnellement connu des enfants qui ont été violés, abusés physiquement, privés d’éducation et d’enfance. C’est une grande souffrance pour moi.

Pendants mes études universitaires, j’ai organisé des cours pour les enfants vivant dans les villages avoisinants car la plupart d’entre eux n’allaient pas à l’école. Mon objectif était de prouver la valeur de l’éducation à leurs parents et de susciter chez ces enfants la passion de l’école.

Peace Okebugwu, employée d’une ONG, tient une pancarte sur laquelle on peut lire «Adoptez la loi sur les droits de l’enfant à Bauchi». Elle est entourée d’écolières portant un uniforme à foulard bleu. Certains enfants se reposent, assis par terre. Hutte scolaire rudimentaire.

Cette photo a été prise dans une école publique secondaire pendant mon projet consacré à la loi sur les droits de l’enfant dans l’Etat de Bauchi.

© Okebugwu Peace/Itodo Samuel

Les enfants travaillent souvent avec leur famille dans les fermes voisines ou vendent des marchandises dans la rue, aux arrêts de bus et dans les stations-service. Ils vendent de l’eau, du lait de soja et des biscuits. S’ils viennent de familles d’agriculteurs, ils peuvent vendre leur production: arachides, maïs, etc.

Sur mon campus universitaire, j’ai vu des enfants travailler jusqu’à 11 heures du soir et s’endormir près de la passerelle pour étudiants. Certains étudiants éprouvent de la pitié pour ces enfants; d’autres l’acceptent comme une chose normale.

Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai su que je voulais faire bouger les choses. Je me suis rendue dans les camps de personnes déplacées et j’ai formé des adolescents à des sujets comme la santé sexuelle et reproductive. Mes frères, mes sœurs et mon père m’ont aidée.

A partir de là, ma passion d’aider ma communauté n’a fait que se renforcer.

Pendant mon année de service jeunesse dans l’Etat de Bauchi, dans le Nord-Est du Nigeria, j’ai réalisé que cet Etat avait l’un des taux les plus élevés en matière de viol, de travail et de mariage d’enfants.

J’ai donc lancé une campagne autour de l’adoption de la loi sur les droits de l’enfant, qui est actuellement en cours d’examen.

Cela n’a pas toujours été facile: nous n’avions pas toujours accès aux parties prenantes et mon équipe avait vraiment besoin de cet auditoire. Nous avons également rencontré des difficultés financières car nous devions beaucoup nous déplacer.

Mais j’ai continué. Lorsque j’aide un enfant, j’ai l’impression de vivre mon rêve et, en même temps, je ressens le besoin d’en faire plus.

Mes parents m’ont toujours encouragée à me consacrer à la réalisation de mes rêves, quelles que soient les difficultés à affronter. Cette motivation est la raison pour laquelle je suis capable de mobiliser les jeunes contre le travail des enfants.

Peace OkebugwuCheffe de projet d'une ONG

Troisième d’une famille de cinq enfants, j’ai vécu ce que signifie de ne pas voir tous ses besoins satisfaits. Cela a fait naître en moi un désir de réussite. Mes parents m’ont toujours encouragée à me consacrer à la réalisation de mes rêves, quelles que soient les difficultés à affronter. J’ai également des frères et sœurs qui me soutiennent, surtout ma sœur aînée, qui poursuit le même objectif.

C’est grâce à cette motivation que je suis capable de mobiliser les jeunes contre le travail des enfants. Je les fais participer à des discussions animées sur notre objectif commun et, ensemble, nous travaillons pour concrétiser notre vision.

Je travaille actuellement pour la fondation Beulah Future Leaders, une ONG basée dans l’Etat de Kaduna, qui travaille sur les problèmes touchant les filles et les femmes. En travaillant directement avec nos bénéficiaires cibles, nous renforçons l’autonomie des enfants, des adolescents et des jeunes par l’éducation. Nous améliorons leur accès à l’information et aux services sur leurs droits et sur la santé sexuelle et reproductive.

Dans notre approche pratique, basée sur la communauté, nous essayons de faire participer efficacement les plus marginalisés, en particulier les filles, les femmes et les personnes vivant avec le VIH. Notre but est d’éliminer le travail des enfants, les violences sexistes et la maltraitance des enfants grâce à la sensibilisation, à l’apprentissage partagé, au renforcement des capacités et à une programmation de qualité.

Parmi les actions que je mène pour mettre fin au travail des enfants, on peut citer: l’organisation de cours pour les enfants des communautés rurales qui ne vont pas à l’école, des partenariats avec des organisations et des individus pour mener des activités de sensibilisation et l’organisation de services de développement communautaire.

Les gens ordinaires peuvent lutter contre le travail des enfants en sensibilisant le public, en faisant du bénévolat, en finançant des projets qui visent à mettre fin au travail des enfants. Ils peuvent aussi confectionner des affiches ou écrire aux journaux locaux.

Pour votre campagne de sensibilisation, il est important de recruter. Etablissez le contact avec des jeunes des écoles et avec des militants des groupes communautaires qui pourraient vous accompagner dans votre lutte contre le travail des enfants.

C’est l’Année internationale pour l’élimination du travail des enfants. Engagez-vous!

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