Voices
Points de vue sur le monde du travail
Photo: Anders Johnsson/ILO
Le travail des enfants

L’amélioration des conditions de travail nous aide à lutter contre le travail des enfants

Je suis un fils de cultivateurs de cacao et j’ai toujours travaillé sur une plantation, en Côte d’Ivoire. Comme beaucoup de planteurs, je voulais participer à la lutte contre le travail des enfants dans notre communauté. Grâce à une formation, j’ai découvert combien l’amélioration de la sécurité et la santé au travail était importante pour ce combat.

Je m’appelle Yabao Oumarou et j’ai 46 ans. Je suis marié et père de six enfants. Je fais partie d’une coopérative agricole à Bagoliéoua, dans la région de la Nawa, en Côte d’Ivoire. J’ai grandi ici et je suis fils de planteurs. Ici, nous sommes tous planteurs.

Un jour la coopérative m’a dit que j’avais été choisi pour aller à Soubré suivre une formation WIND, organisée par l’Organisation internationale du Travail (OIT).

Jusqu’alors, j’avais travaillé comme tous les cultivateurs de cacao, exécutant les mêmes tâches que nos parents avant nous. Nous travaillions sans nous préoccuper de notre santé ni de notre sécurité. C’était comme ça avant.

J’étais motivé pour suivre cette formation afin de participer à la lutte contre le travail des enfants. Plusieurs campagnes de sensibilisation au travail des enfants ont été menées dans notre coopérative, c’est donc un sujet important pour tous les planteurs.

Mais la formation a été une véritable découverte pour moi. Nous n’avons pas seulement appris à protéger les enfants, nous avons aussi appris des choses sur la sécurité et la santé et sur l’accès à des installations pour notre bien-être.

Nous avons vu qu’il y avait des choses à ne pas faire au travail et d’autres qu’il fallait améliorer.

Surtout, la formation m’a fait changer de point de vue sur le travail des enfants.

J’ai fini par comprendre que si nous ne prenons pas soin de notre santé, alors nous somes incapable de travailler. Et si nous ne pouvons pas faire notre travail correctement, nous devenons un fardeau, soit pour sa femme, soit pour ses enfants.

Yabao Oumarou utilise un sécateur pour couper les branches d’un cacaoyer. (2024).

Nos méthodes de travail nous coûtaient cher. Mais grâce à la sensibilisation, la communauté a pu se rendre compte de l’importance de la sécurité et de la santé. (2024).

© Anders Johnsson/ILO

Nous n’avions pas l’habitude de nous soucier de notre santé. On travaillait et on tombait malade. Désormais, il y a un réel changement.

Yabao OumarouProducteur de cacao

Avant la formation WIND, j’avais l’habitude de travailler à la plantation jusqu’à être si fatigué que je devais rentrer au village à cause de la fatigue.

Maintenant, j’ai aménagé une zone de repos dans le champ, avec des bancs à dossier. Quand je travaille et que je sens la fatigue, je me mets à l’ombre dans la zone de repos. Après, je peux retourner travailler et je rentre chez moi sans être épuisé.

Nous n’avions pas l’habitude de nous soucier de notre santé. On travaillait et on tombait malade. Désormais, il y a un réel changement. On est moins fatigué et on ne tombe plus aussi souvent malade qu’auparavant.

Avant-hier, une tempête de pluie a éclaté alors que nous arrivions au champ. Avant d’avoir l’abri, nous aurions dû retourner au village et perdre une journée de travail. Cette fois, au lieu de cela, nous sommes restés sous l’abri jusqu’à ce que la pluie s’arrête, puis nous avons pu travailler.

Yabao Oumarou est assis sur un banc, sous un abri en bois. Il sourit, adossé à la structure. (2024).

J’ai aménagé une zone de repos dans le champ avec des bancs à dossier. Quand je travaille, vient le moment où je sens la fatigue. Maintenant, je peux me reposer à l’ombre. (2024).

© Anders Johnsson/ILO

La formation a éveillé ma conscience en matière de santé et de sécurité. J’ai vu qu’il fallait penser à sa santé et à celle de sa famille avant d’accepter un emploi. Maintenant je réfléchis: “Je veux le faire. Mais qu’est-ce que cela va m’apporter? Est-ce que cela va me rendre malade?” Auparavant, on ne s’en souciait pas.

Si vous pouvez faire votre travail correctement, avec moins de fatigue, alors il n’y aura pas de problème de travail des enfants parce que vous n’aurez pas à les faire travailler.

Désormais, nous prenons soin de notre santé et cela nous permet d’envoyer les enfants à l’école plus facilement. Nous pouvons donner à nos enfants la possibilité de s’épanouir.

Yabao Oumarou désigne les affiches accrochées au mur. Les affiches montrent comment les travailleurs des plantations peuvent améliorer la sécurité et la santé au travail. (2024).

Depuis la formation, je peux voir les changements accomplis. C’est avec courage et détermination que j’ai réussi à faire ces améliorations et cela se passe vraiment bien. (2024).

© Anders Johnsson/ILO

Si tout le monde suivait une formation de ce type, la vie serait facile. Nous pourrions effectuer notre travail facilement, en toute sécurité et sans nous épuiser. Nous aurions plus de temps libre et de meilleurs revenus.

Après cette formation, je peux constater qu’il y a eu de nombreux changements.

Nous sensibilisons aux droits des enfants. La place d’un enfant est à l’école. On ne doit pas faire peser ses responsabilités sur les épaules d’un enfant innocent.

Yabao Oubarou est assis avec ses trois jeunes enfants. (2024).

Voici trois de mes enfants. Nous les mettons à l'école et ils apprennent tout. Ils sauront lire et écrire, ils pourront faire encore mieux que nous. (2024).

© Anders Johnsson/ILO

Aujourd’hui, la communauté peut voir combien la sécurité et la santé sont importantes. Au début, certaines personnes détestaient ce que nous faisions. Mais depuis, beaucoup de gens viennent voir les améliorations auxquelles j’ai procédé et font la même chose chez eux. D’autres viennent me voir pour se renseigner.

Nous échangeons nos expériences les uns avec les autres.

Si vous pouvez faire votre travail correctement, avec moins de fatigue, alors il n’y aura pas de problème de travail des enfants parce que vous n’aurez pas à les faire travailler.

Yabao OumarouProducteur de cacao

Je vais continuer à apporter des améliorations. J’ai créé un petit bassin d’élevage de poissons et je vais aussi cultiver des tomates et des gombos. Honnêtement, j’ai beaucoup à faire. Il reste beaucoup de changements à venir.

Je m’attends à avoir un bon revenu après toutes ces améliorations. Mes conditions de vie seront plus confortables.

Avant, nous n’avions même pas l’idée de nous diversifier. Maintenant, j’ai du bétail. D’abord, ce fut un mouton, puis deux et maintenant trois.

Je sais que ça va marcher. Tout va bien se passer.

Interview avec Britt Evers, Chargée de mission, Commerce pour le développement, Ministère des Affaires étrangères, Pays-Bas

En suivant

Partagez cette histoire