Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode des voix de l'OIT,
un podcast de l'OIT où nous abordons les problèmes et les problématiques
du monde du travail et les profondes
transformations qu'il est en train de vivre.
Aujourd'hui, nous allons parler de l'intelligence artificielle
et de son impact sur le futur marché de l'emploi.
Un impact difficile à estimer entre les pessimistes
qui craignent une explosion massive du chômage
et les optimistes qui croient en la destruction
créative ou en l'avènement d'une société sans travail.
Pour en parler, nous avons Antonio Casilli,
professeur de sociologie à l'Institut Polytechnique
de Paris et co-directeur du groupe de recherche DiPLab.
Monsieur Casilli, bonjour. Merci d'être avec nous.
Bonjour.
Nous allons parler en particulier de ChatGPT,
l'intelligence artificielle développée par OpenAI,
une entreprise américaine de recherche et de développement
spécialisée dans l'intelligence artificielle.
Ce n'est pas la première fois que des avancées
technologiques ont un impact sur le marché du travail.
L'affirmation selon laquelle les nouvelles technologies se substitueraient
à la nécessité de main-d'œuvre est une vision qui n'est pas nouvelle.
Dans le cas de ChatGPT,
est-ce qu'il s'agit d'un saut technologique majeur?
Est-ce que cela va vraiment changer les choses, monsieur Casilli?
Il s'agit certainement d'une famille de modèles
d'intelligence artificielle, de solutions d'intelligence artificielle
qui sont présentés aux investisseurs
et à l'opinion publique comme absolument révolutionnaires,
surtout parce qu'ils ont une taille faramineuse.
On parle avec ChatGPT et plutôt les deux modèles qui sont à la base
de ce produit qui s'appellent respectivement GPT-3 et GPT-4,
on parle de plusieurs centaines de milliers de milliards
de paramètres pour faire tourner cette intelligence artificielle.
Or, ça peut paraître abstrait, mais en réalité,
disons que cela est présenté aux personnes qui sont
des experts dans ces sujets comme une révolution.
Il s'agit en réalité de la convergence
de deux types d'intelligence artificielle,
d'une part ce qu'on appelle
les intelligences artificielles génératives,
donc celles qui peuvent produire des textes, des images, des vidéos,
de la musique, ainsi de suite, et de l'autre,
des modèles qui s'appellent LLM,
c'est-à-dire des modèles de très grande taille
et qui sont surtout utilisés pour gérer le langage.
ChatGPT en tant que chatbot, en tant qu'agent conversationnel, se présente
en tant que tel comme un modèle linguistique, mais en même temps,
il fait beaucoup plus que ça ou alors
il promet de faire beaucoup plus que ça.
Ses performances sont tout à fait relatives.
Il y a aujourd'hui énormément d'anthropomorphisation,
c'est-à-dire que nous-mêmes, nous projetons,
en tant qu'usagers de cette solution d'intelligence artificielle,
beaucoup de nos attentes, beaucoup de nos desideratas
sur ce logiciel finalement.
Un peu comme des parents qui seraient
très fiers d'un enfant et qui seraient prêts
à reconnaître que cet enfant est un génie
au moindre geste ou à la moindre parole,
même s'il s'agit de balbutiements et de gestes maladroits.
Nous-mêmes sommes en train de peut-être attribuer
trop de valeurs à cette intelligence artificielle, ce qui,
évidemment, est parfaitement dans la lignée politique
et économique des investisseurs et des concepteurs,
et des propriétaires de cette solution d'IA.
Un enfant, comme vous dites,
qui a provoqué énormément de remous et de grandes
inquiétudes, en particulier sur le marché de l'emploi.
J'ai demandé à ChatGPT quel serait son impact
sur le marché de l'emploi et voilà ce que ChatGPT répond.
Il répond qu'il peut potentiellement avoir un impact
sur le marché de l'emploi dans plusieurs domaines,
notamment la traduction, l'écriture de contenus, l'assistance virtuelle,
la recherche en ligne, la formation en ligne et bien plus encore.
Il dit également, ce logiciel,
que l'impact sur le marché de l'emploi dépendra de la manière dont
les entreprises et les travailleurs s'adaptent à sa technologie.
Que certains emplois pourront être automatisés ou remplacés, mais également,
il y aura peut-être de nouveaux emplois qui pourront être créés.
Alors, est-ce qu'il faut déjà s'y mettre?
Que vous semble cette estimation du propre ChatGPT?
Cette estimation me paraît tout à fait intéressée
et biaisée du point de vue même idéologique.
Ce n'est pas au hasard que les domaines
dans lesquels ChatGPT même annonce qu'il va
avoir un impact sont des domaines économiques
dans lesquels l'entreprise OpenAI, donc l'entreprise qui produit ChatGPT,
se prépare à être engagée dans la formation en ligne, la traduction.
Ella a même des intérêts.
C'est clair que le produit parle la langue des propriétaires du produit.
Ça, ce n'est pas une nouveauté, his master's voice,
comme on disait dans le siècle passé en anglais,
mais il y a aussi beaucoup plus que ça.
On est face, avec ChatGPT et en général
aussi tous les produits GPT d'OpenAI,
face à une véritable déferlante de publicités
finalement déguisées en crainte,
voire en menace d'un impact qui pourrait déranger certains équilibres.
Clairement, le discours qu'OpenAI porte sur le monde du travail
s'inscrit dans cette logique-là.
Pas plus tard qu'il y a quelques semaines, des chercheurs,
dont trois chercheurs d'OpenAI et un chercheur
universitaire qui était un peu la caution académique,
ont publié un article qui, par ailleurs,
n'est pas un article publié dans une revue,
il s'agit tout simplement d'un article
autopublié dans une archive en ligne,
qui annonçait que 80 % des métiers allaient être exposés,
ça, c'est très ambigu comme définition,
– C'est très vague –
à l'intelligence artificielle et en particulier les personnes
qui ont un plus haut niveau d'études allaient être touchées.
Évidemment, il y a beaucoup de problèmes.
J'ai déjà précisé que cette étude a plus de limitations
que de résultats et qu'en plus, on est face à cette prophétie de la fin
du travail ou de l'automatisation complète
ou du remplacement des travailleurs
humains par des processus automatiques.
Il y a toujours la même rengaine,
la même prophétie dystopique qu'on retrouve tous les 10 ans.
Si vous y pensez, il y a 10 ans, on avait un célèbre rapport
de l'Université d'Oxford publié il y a exactement 10 ans, 2013,
qui s'appelait The Future of Employment, le futur de l'emploi,
qui annonçait que 47 % des jobs aux États-Unis allaient disparaître.
10 ans avant, on avait encore d'autres prophéties dans ce sens-là.
Il y a une cyclicité de ce discours et figurez-vous,
ces prophéties-là ne se réalisent jamais.
Elles sont aussi suffisamment vagues pour pouvoir
être après remises en doute par les auteurs mêmes.
Je pense qu'on n'est pas loin de cette situation
avec ChatGPT et ses annonces,
mais il y a aussi un élément important.
ChatGPT et ses annonces de menace qu'il ferait peser sur le marché du travail
sont des outils de discipline de la force de travail.
Finalement, les travailleurs constamment exposés à ces peurs
plus ou moins fantasmatiques sont poussés,
par ces discours et par ces acteurs sociaux
et économiques, à finalement se tenir à carreau,
respecter tout un tas de règles et ne pas trop protester,
parce qu'on leur fait imaginer
le risque que des robots les remplacent.
Or, la réalité, malheureusement, est une autre et n'est pas plus rose.
C'est-à-dire que le risque est plutôt que les travailleurs aujourd'hui,
les travailleurs au sens aussi surtout de personnes
employées formellement avec un contrat à durée indéterminée,
soient remplacées par des personnes qui ont des contrats plus précaires,
qui sont moins bien payées,
dont les droits sont moins respectés et fort souvent
qui se trouvent dans des pays d'externalisation
ou d'offshoring dans lesquels le niveau moyen des salaires est plus bas.
Surtout l'utilisation d'infrastructures numériques,
y compris celles mises en place par OpenAI
et par ses partenaires comme Microsoft ou Google, Amazon, et cetera,
contribuent à cette externalisation forcée
qui est aussi une forme de précarisation extrême.
Justement, plus qu'une suppression d'emploi,
une plus grande précarisation.
Vous qui parlez de rapports qui, tous les 10 ans,
annoncent des résultats catastrophiques,
justement, il y a un rapport paru récemment par Goldman Sachs
qui estime à 300 millions le nombre d'emplois
dans le monde que des systèmes d'intelligence
artificielle seraient susceptibles de remplacer,
c'est-à-dire 1/4 de l'activité mondiale.
Il ne parle pas seulement de tâches administratives,
mais aussi de forces armées, l'agriculture, la forêt,
la pêche... il y aurait aussi des secteurs
sensibles à des automatisations de processus.
La banque américaine parle aussi d'une avancée majeure
dans la création de nouveaux emplois
et d'un coup de fouet à la productivité
mondiale en augmentant de 7 % le PIB mondial.
Est-ce que nous sommes encore face à un rapport un petit peu exagéré,
puisque nous en sommes un peu au début de ce processus et qui en fait masque,
comme vous l'avez dit, d'autres enjeux comme celui de la vulgarisation?
L'exagération est évidente et je pense que les deux facteurs
qui jouent pour permettre cette exagération sont d'une part,
la productivité ou plutôt ce que ce rapport dit
sur la productivité qui est entièrement faux, et la question de réduire
le travail à un ensemble de tâches.
D'abord, la productivité.
Ce que les statistiques nous disent est que depuis plusieurs décennies
et surtout depuis l'arrivée de l'automatisation intelligente,
donc tout ce qui relève effectivement de solutions d'intelligence
artificielle appliquée au monde du travail,
on assiste à une baisse généralisée dans tous
les pays du monde de l'augmentation du taux de productivité.
Et donc effectivement, si l'estimation de Goldman Sachs était correcte,
ce serait un truc complètement contre-intuitif,
un renversement total de cette tendance statistique.
Ce qui paraît assez improbable.
Après, il y a le problème qui est de nature méthodologique,
le fait de continuer à considérer le travail comme un ensemble de tâches.
Par exemple, je suis infirmier et donc
je réalise une tâche d'assistance aux patients,
une tâche d'enregistrement d'information dans un ordinateur,
une tâche de participation à des réunions et ainsi de suite.
Ce type d'estimation considère, dans chaque métier,
il y a, par exemple, 10 tâches.
Si j'arrive à automatiser cinq ou six, donc la majorité,
je peux considérer que ce travail est automatisé
et donc que cet emploi disparaît.
La réalité ne se passe pas comme ça.
La réalité est que, malheureusement,
pour les travailleurs face à ces formes d'automatisation,
surtout lorsqu'elles sont présentées
comme des gains en termes de productivité, ce qui,
comme je viens de le dire, peut être mis en doute,
les employeurs ont plutôt tendance à surcharger le cahier des charges
des personnes qui s'occupent de différentes fonctions et donc,
finalement, à augmenter le travail face à une baisse des salaires réelle.
Par exemple, dans n'importe quel métier,
je pourrais même citer mon métier à moi
qui est celui d'enseignant universitaire
et chercheur, a évolué dans les dernières
décennies comparé à la génération précédente.
Parce que tout un tas de fonctions par exemple
qui étaient de nature administrative, communicative,
gérer, par exemple, des emails, gérer des fichiers Excel,
gérer des bilans qui normalement auraient dû être réalisés
par d'autres personnes, sont aujourd'hui réalisées par moi-même.
Ce n'est pas un robot qui a remplacé un emploi,
mais c'est moi-même qui me retrouve à travailler davantage
par rapport aux générations précédentes ou même aux décennies précédentes.
Faire des tâches que vous n'avez pas forcément envie de faire,
mais justement quand même tout ce débat
illustre tout de même le grand malaise qui maintenant se vit
dans le monde du travail sur les changements.
On a l'impression de ne pas contrôler ces robots qui, d'un seul coup,
vont remplacer les humains.
Ces tâches, comme vous disiez, que vous-même vous faites,
que vous ne faisiez pas il y a 10 ans.
C'est vrai qu'en France, il y a tout ce débat sur le travail des séniors
qui ont l'air plus vulnérables à de nouvelles tâches ou une formation
ou des travaux pour lesquels ils ne sont pas forcément préparés.
Tout ça, ça fait quand même tout le débat sur le marché du travail.
Si en plus, nous avons ce que vous considérez
plus ou moins comme ce gros coup de pub de ChatGPT,
ça fait que ce n'est pas évident de savoir comment
va évoluer le monde du travail dans les prochaines années.
Oui. Tout à fait.
Il y a quand même certaines tendances qui se dégagent et heureusement
l'OIT aussi y participe avec nous dans le groupe de recherche DiPLab,
à une vague généralisée d'enquêtes
et d'analyses de certaines transformations
du monde du travail qui ont un lien avec l'intelligence artificielle.
Je fais référence, par exemple,
aux travaux des économistes Uma Rani Amara ou Janine Berg de l'OIT qui,
à partir de la moitié des années 2010,
ont produit des rapports absolument remarquables
sur l'émergence de tout le travail des petites
mains de l'intelligence artificielle qui sont
nécessaires aussi pour produire ChatGPT.
Parce que ces intelligences artificielles,
bien qu'elles soient présentées constamment
comme le résultat du travail d'ingénieurs,
data scientists, développeurs de code, et cetera,
sont aussi le produit du travail de personnes qui s'occupent de réaliser
des activités beaucoup plus simples parfois
ou alors présentées comme simples comme, par exemple,
de filtrer des données, modérer des contenus
ou taguer des images, retranscrire des textes.
Tout ça est nécessaire pour les intelligences artificielles.
Ce n'est pas un hasard si ChatGPT même
a été contraint d'admettre
que derrière son intelligence artificielle entièrement automatisée,
il y a en réalité une armée de réserve de personnes qui réalisent
ce travail de petites mains de l'intelligence artificielle.
Quelques mois après le lancement de ChatGPT,
Time Magazine a publié une enquête qui dévoile qu'au Kenya,
il y a un nombre important de personnes qui ont été recrutées,
pas embauchées, parce qu'il s'agit de sous-traitants
de sous-traitants de sous-traitants,
embauchées via une plateforme, qui s'occupaient
tout simplement de filtrer tous les messages racistes,
sexistes de ChatGPT.
OpenAI, l'entreprise qui produit cette solution,
a après été obligée d'admettre qu'elle a recruté
des personnes aux Philippines, en Afrique du Sud, en Turquie,
en Amérique Latine et dans d'autres pays.
C'est important d'aller dans ces pays,
comme nous le faisons dans le cadre de DiPLab
ou comme nos collègues de l'OIT le font,
d'aller dans ces pays interviewer ces personnes et se rendre
compte à quel niveau ils sont intégrés à ce processus productif.
Il n'y a pas d'intelligence artificielle
sans le travail de ces petites mains.
Finalement, ceci est d'une part quelque chose qui semblerait
une annonce rassurante, mais est en réalité, à mon avis,
la chose qui devrait nous inquiéter davantage.
Parce que tant qu'on continue de nier
déjà l'existence de ces travailleurs, de les mettre à distance,
même distance géographique pour des raisons économiques, clairement,
et tant qu'on continue de présenter l'intelligence
artificielle comme entièrement artificielle, là, on aura un problème.
Un problème en termes de sous-évaluation de l'impact
réel de ces solutions informatiques sur le monde du travail à mon avis.
Par exemple, Elon Musk, le fondateur de Tesla, et des centaines d'experts
mondiaux ont signé le 29 mars un appel à stopper
durant 6 mois la recherche sur les intelligences artificielles
plus puissantes que ChatGPT4, le modèle d'OpenAI lancé mi-mars.
Dans cette pétition, ils évoquent des risques majeurs pour l'humanité.
Ils réclament un moratoire jusqu'à
la mise en place de systèmes de sécurité,
car ils craignent des perturbations économiques et politiques
dramatiques que l'intelligence artificielle pourrait provoquer.
Est-ce que vous êtes d'accord ou est-ce
que c'est un petit peu dramatique?
Dans ma vie de chercheur, souvent mes positions ont changé,
mais il y a une seule position qui n'a jamais changé.
Ne jamais signer une pétition qui a aussi été signée par Elon Musk.
La base est qu'en général,
vous ne feriez pas confiance
à une secte ou plutôt à ceux qui dirigent
une secte ou un parti politique extrémiste pour vous dire ce qui est
le mieux pour la société
et en plus en montrant tout un tas
de risques et de menaces qui sont associés à leurs propres activités,
ce qui est exactement le cas.
C'est plutôt une question d'intérêt peut-être économique,
mais à ce moment-là, qu'est-ce qu'il faudrait faire pour orienter ChatGPT
face à tous les risques dont vous nous avez parlé?
Le problème est qu'à ce stade-là, depuis des années,
depuis une décennie, on ne fait qu'appliquer des solutions a posteriori.
C'est-à-dire, d'abord les producteurs
d'intelligence artificielle produisent leurs solutions,
ils ne se préoccupent pas par avance des conséquences
potentiellement négatives et ils se disent: «S'il y a un pépin,
on va le gérer avec nos experts légaux et éventuellement,
on va aussi externaliser quelqu'un pour faire une petite étude éthique.»
C'est exactement comme ça que ça s'est passé, Google,
Meta et d'autres géants de l'informatique
qui ont ravagé littéralement nos sociétés pendant
des décennies, ont largement financé des enquêtes qui,
après, servaient un peu pour être la caution
éthique ou sociale de leurs activités.
Le problème à mon avis est qu'il faut
arrêter d'adopter cette logique de l'a
posteriori ou de gérer la catastrophe
lorsqu'elle se manifeste systématiquement,
mais plutôt de commencer à avoir une réflexion
a priori avec les décideurs publics,
avec les représentants de la société civile,
avec les producteurs,
c'est-à-dire aussi les travailleurs qui produisent
ces intelligences artificielles et les représentants
du monde de la culture et ainsi de suite pour qu'on
anticipe ces solutions avant de les lancer,
sans faire ce moratoire de six mois.
Pourquoi six mois, pourquoi un moratoire et pas une interdiction totale?
Il y a dans cette lettre ouverte, dans cette pétition,
un aspect qui est un peu dérangeant, qu'il s'agisse
d'une petite pub déguisée en cri du cœur ou en cri d'alarme.
Merci beaucoup.
Aujourd'hui, nous avons parlé avec Antonio Casilli,
professeur de sociologie à l'Institut Polytechnique de Paris.
Nous continuerons à parler des changements qui bouleversent
le monde du travail dans les prochaines semaines.
Pour l'instant, c'est au revoir et à bientôt
pour un prochain épisode des voix de l'OIT.
[musique]