Bonjour et bienvenue
dans ce nouvel épisode du podcast de l'OIT sur l'avenir du travail.
Je suis Guebray Berhane votre hôte pour aujourd'hui
et nous sommes au cœur des Jeux paralympiques de Paris 2024
avec, tenez vous bien, 4400 para-athlètes représentant
170 délégations qui s'affrontent dans 22 disciplines.
Mais au delà de la compétition, ces jeux offrent une opportunité unique
de réfléchir à la place des personnes handicapées dans le monde du travail,
dans le monde du sport et à l'impact des Jeux paralympiques sur leur inclusion.
Aujourd'hui, nous allons aborder ces enjeux avec deux invités de marque
Josh Vander Vies, ancien athlète paralympique et actuel directeur
de la diversité à l'aéroport international de Vancouver, au Canada,
et Oliver Liang, qui est chef de l'unité des services publics et privés à l'OIT
et spécialiste
des questions liées au sport, à l'éducation, à la culture et aux médias.
Josh, merci de vous joindre à nous.
Bonjour, un vrai plaisir ! Bonjour Guebray !
Magnifique. Josh,
vous avez participé aux Jeux paralympiques de Londres en 2012.
Comment est-ce que vous avez vécu cette expérience et comment
vous la voyez par rapport à Paris 2024 ?
Ah, mon sport, ça a été la boccia.
C'est un sport unique aux Jeux paralympiques,
ça n'a pas de contre sport olympique.
C'est un sport de précision avec des balles en cuir sur un terrain dur.
C'est un peu comme la pétanque ou le curling.
C'était incroyable, Londres.
Vraiment un moment magnifique pour le mouvement paralympique.
La Grande-Bretagne et
Londres ont juste vraiment saisi
la fierté de sport et du handicap à ces jeux là.
Heureusement, incroyablement,
j'étais capable de dégager une médaille de bronze.
J'ai pu gagner le bronze avec mon coéquipier
Marco Dispaltro.
C'était le point haut de ma carrière,
bien sûr.
Au temps j'ai été à l'École des droits
à l'université de Colombie-Britannique.
J'ai eu la permission de faire ça
à temps partiel, qui n'est pas
donné très souvent.
Alors, j'avais le soutien de mes collègues à l'école
et j'avais le potentiel de ma carrière en devant de moi.
Ça m'a donné des opportunités
d'entrer dans des chambres que je ne pouvais pas entrer auparavant
et voilà, c'est le départ
à une carrière de leadership dans et hors du sport.
Mais là, je suis à Paris comme
Co-chef de mission pour l'équipe canadienne.
J'ai été Président de AthletesCAN
c'est l'organisation des équipes olympique paralympique et nationale
au Canada.
C'est compris des représentants élus
d'athlètes à travers tous les sports.
Alors voilà un autre moment de leadership ici à Paris. J'ai juste tellement hâte
pour voir qu'est ce que notre équipe va faire les prochains jours.
Félicitations ! Vraiment impressionnant.
Alors j'ai une question aussi
par rapport au renforcement du statut des Jeux paralympiques.
Est ce que vous pensez que ça a influencé la perception des personnes handicapées ?
Et plus particulièrement des athlètes ?
Oui, je crois que oui.
Moi, je cherche
toujours des initiatives qui font de vrais changements.
Dans ce travail de changer de perception
dans le travail de diversité,
il y a vraiment beaucoup d'initiatives
qui n'ont pas de vrais résultats.
Et de mon avis, le sport handicapé, c'est vraiment quelque chose
qui fonctionne pour changer des pensées.
C'est des milliers et des milliers
d'histoires et d'images et de vidéos qui
s'écoulent à travers le monde entier pendant les jeux.
C'est cvraiment quelque chose de tellement différent de voir
des athlètes qui sont fiers de qui ils sont, qui sont fiers de leur handicap.
C'est tellement
incroyable de voir ça que je crois que ça change vraiment, vraiment les idées.
Oui, absolument.
Et je crois que la culture sportive anglaise,
a vraiment saisi
ce concept le plus. D'accord, c'est très bien.
Alors juste une suite,
une question par rapport à ça.
Les Jeux paralympiques sont,
aussi souvent associé à l'image
peut être qu'on donne aux para-athlètes de super héros.
Est ce que
ça, ça peut donner une compréhension erronée de l'inclusion
par rapport au handicap ou vous penser que ça va?
Cet aspect là des super humains, c'est vraiment intéressant.
Le problème, c'est que
quand une personne handicapée est vue
comme un super héro, comme un super humain,
juste pour exister avec un handicap,
c'est vraiment ça le problème.
Parce que non, c'est pas héroïque d'avoir un boulot,
c'est pas héroïque d'avoir de l'argent et d'aller
au restaurant et de commander un repas
et de partager avec vos amis ou votre famille.
Tout ça n'est pas héroïque, c'est
carrément normal.
Mais les performances élites,
athlètiques des paralympiens, c'est vraiment extraordinaire.
C'est tellement difficile de se qualifier pour les Jeux.
Et quand on dit qu'un handicap
rend une personne super humain,
ça peut être un exercice de dire que qu'elles sont
autres, des autres, que - c'est une façon de
de donner des différences ou des différences n'existent pas.
Alors de mon avis, je crois que les Olympiens,
les athlètes de haut niveau international
et les paralympiens sont des super humains,
mais il ne faut pas oublier que
on doit avoir du respect
pour des personnes handicapées normales.
Et il ne faut pas être un athlète,
il ne faut pas être un leader, il ne faut pas être un avocat ou
quelqu'un qui donne des discours motivationnels
juste pour achever
une existence normale.
Et c'est ça que des narratives de super humains
peuvent suggérer.
Alors Oliver,
je me penche maintenant vers vous.
Selon l'OIT, l'Organisation internationale
du travail, les athlètes professionnels,
y compris les paralympiens sont avant tout des travailleurs.
Alors, pour vous, quels sont les principaux défis qu'ils rencontrent
pour concilier la carrière sportive avec la vie professionnelle ?
Oui, merci.
Bon en faite comme Josh a dit, les athlètes sont des super héros
bien sûr avec toutes leurs performances, mais ils sont pour l'OIT aussi des travailleurs,
surtout en ce qui concerne les droits fondamentaux du travail.
Les athlètes gagnent
bien sûr des revenus par rapport au sport, ce n'est pas
peut être des revenus directs, mais aussi par rapport à
des produits par exemple qui peuvent soutenir
et surtout aussi une identité.
Et puis c'est clair que juste pour être sur un podium,
c'est énormément du travail qu'il y a derrière là, comme Josh a relevé.
C'est une training,
il est incroyable pour tout ces performances.
Donc pour moi, ce qui est important c'est que tout d'abord
que toutes les athlètes peuvent avoir le droit de syndicalisation.
Deuxièmement, je crois qu'il y a certains droits qui sont très importants,
la sécurité et santé au travail, c'est quelque chose très important.
On sait que le stress énorme de d'entraînement,
mais aussi le stress mental il est très, très important.
Et comme vous avez soulevé, il y a surtout aussi
cette question de se préparer pour une vie après le sport.
C'est vraiment très impressionnant que quelqu'un comme Josh, par exemple,
a pu se former comme juriste à côté du sport.
Et puis c'est clair que
c'est important que toutes les carrières sportifs
et aussi en même temps ce soutient, cette possibilité
d'avoir une deuxième carrière pour se préparer
pour cette étape qui vient après la haute performance.
C'est très bien à ce point là, parce que Josh,
ce serait intéressant de voir si vous pouviez nous expliquer
comment vous avez mené une carrière qui est très réussie en dehors du sport?
Comment est ce que vous avez réussi à concilier les deux mondes ?
Et puis qu'en est-il
peut être d'autres personnes handicapées que vous connaissez ?
J'avais une famille autour de moi qui m'a donné un support
incontournable. Il faut avoir une
une organisation incroyable. Il faut avoir
cette attitude
qu'on peut absolument tout faire, et heureusement ou malheureusement,
voilà l'attitude de base de la plupart des athlètes de haut performance.
Alors ça peut
mener à des
à la réussite, des biens incroyables, ça peut mener
à des problèmes de santé mentale
avec le burn out bien sûr.
Moi, j'ai toujours
connu dans ma tête que le sport
serait juste une étape dans ma vie et que je ferais toujours
des choses plus grandes que le sport.
Mais c'est quand même difficile
parce que le sport, gagner une médaille paralympique,
ça a été tellement énorme que je me demande souvent
si c'est possible de faire des choses plus grand que ça.
Je crois quand même que je le ferais
et je crois quand même que je l'ai déjà fait comme avocat.
Moi je pratique le droit de bienfaisance, alors
je créé des organismes de bienfaisance au Canada.
J'ai eu des dossiers d'équité en matière
d'emploi, la discrimination et j'ai pu
faire partie
d'un groupe de travail qui a étudié
la loi au Canada
en matière d'équité en emploi.
Et cela m'a mené à
une position de leadership à YVR
à l'aéroport international de Vancouver, où je suis
directeur de diversité, inclusion et appartenance.
Alors, je trouve que
le handicap et le focus
du handicap sur l'élimination des barrières,
c'est vraiment très utile dans les autres aspects d'inclusion.
Parce que là, quand on identifie et on enlève
les barrières, c'est là vraiment
l'aspect que
les lieux de travail peuvent contrôler pour faire une différence.
Mais pour traverser le pont
d'un carrière d'athlète
à mon autre carrière, ça a été vraiment dans l'attitude.
J'ai toujours cru que
mes études ont renforcé mes performances,
que mes études, ma ma toujours fait un meilleur athlète
de vivre dans deux mondes
tellement intense. D'accord, et Oliver
que fait l'OIT et l'Organisation Internationale du travail pour
pour améliorer notamment les normes du travail,
pour pouvoir aider notamment ces athlètes professionnels,
et ce dans un cadre plus large de l'industrie du sport.
Bon, je crois que le principe le plus important, c'est de soutenir
ce qu'on appelle le dialogue social, c'est à dire
soutenir ou
assurer en fait le droit de syndicalisation
pour les athlètes, pour qu'ils puissent avoir une voix
dans les instances de gouvernance, dans le sport.
Ça, c'est le plus important.
On a vu par exemple, entre les syndicats de football,
ils ont commencé à dialoguer, à avoir un dialogue social profonde
avec dans les ligues de football
et ça l'OIT le soutien en donnant
des
des appuis techniques sur certaines questions,
par exemple à la sécurité santé, au travail
ou la discrimination.
Donc je crois que c'est quelque chose que l'OIT peut
poursuivre aussi avec d'autres sports, type de sport et peut être un de ces jours
aussi dans les sports paralympiques.
J'imagine que beaucoup des défis
qui sont devant des athlètes sont dans toutes les sports.
Et puis le dialogue social, c'est vraiment un moyen pour
attaquer ces problèmes et - on espère - les résoudre.
D'accord.
Josh,
Bon, vous avez parlé
des deux mondes qui sont quand même assez délicat à gérer.
Si on vous dit que les athlètes handicapés rencontrent plus de difficultés
pour développer des carrières parallèles ou postes athlétiques, on va dire.
Qu'est ce qu'on peut faire pour pour les soutenir davantage ?
Ça dépend vraiment
du cas individuel.
Oui, évidemment.
Je dirais que les personnes handicapées en général ont évidemment
des barrières à aller chercher de l'emploi,
des barrières physiques,
comme l'accessibilité
du lieu de travail, manque de toilettes accessibles,
des choses vraiment de base qui existent quand même aujourd'hui.
Il y a aussi des barrières d'attitudes
où même les athlètes de haut niveau handicapés
ne se voient pas comme des travailleurs,
comme des travailleurs handicapés,
comme des travailleurs comme tout le monde,
Leurs familles dès l'enfance, quand on est parent, on a
un enfant handicapé, c'est délicat à gérer comme vous disiez,
et c'est juste
le montant de barrières
qu'on fait face au fur et à mesure nos vies.
Et ils accumulent.
Et c'est juste le concept de vraiment
voir des options, voir qu'est ce qu'on est capable de faire.
Par exemple, moi j'étais né sans la plupart de mes bras
et jambes et j'utilise un fauteuil roulant électrique.
Pour moi, ça a toujours été un aspect intellectuel.
J'ai connu que
que je serais obligé de faire du travail avec mon cerveau.
J'ai toujours
essayé
de voir qu'est ce que j'ai été capable de faire.
Alors un exemple, c'est de
apprendre ma deuxième langue, le français.
Par exemple, je suis allé à l'immersion française
depuis la maternelle au Canada et je me suis dit
voilà quelque chose que moi je suis capable de faire.
J'ai vu
la carrière en droit comme juriste, j'ai dit voilà quelque chose que moi
je suis capable de faire, de travailler pour représenter des clients,
de faire le travail intellectuel, pour étudier
et étudier les enjeux et de
construire des arguments et de protéger les droits des personnes.
C'est pour moi. Alors c'est un aspect créatrice
qui est nécessaire quand on est handicapé,
lorsqu'on est athlète.
Bon écouter, merci, merci beaucoup.
Voilà, chers auditeurs, nous arrivons à la fin de cette de cet épisode riche
en perspectives sur l'avenir du travail, le sport et l'inclusion
des personnes handicapées.
Les Jeux paralympiques de Paris 2024,
ce sont pas seulement un événement sportif d'envergure,
mais c'est aussi un catalyseur, peut être
de changement social, comme nous l'avons entendu aujourd'hui.
Je tiens à remercier chaleureusement nos invités
Josh Vander Vies et Oliver Liang pour leurs interventions,
pour leurs interventions précieuses, inspirantes.
Et si vous avez apprécié ce podcast, n'hésitez pas à le partager.
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et l'impact des grands événements comme les Jeux paralympiques.
Merci de votre attention et à très bientôt pour un nouvel épisode
du podcast de l'OIT sur l'avenir du travail.