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Points de vue sur le monde du travail
Photo: Martin Dee CC BY-NC 2.0

Podcast l'avenir du travail

Episode 50
Jeux Paralympiques de Paris 2024

Jeux Paralympiques : Quand le sport favorise l’inclusion au travail

3 septembre 2024
00:00

Les Jeux Paralympiques de Paris 2024 sont une chance unique de repenser la place des personnes handicapées dans notre société, notamment au travail. Josh Vander Vies, co-chef de mission de l'équipe canadienne et médaillé de bronze à Londres en 2012, partage ses idées sur comment le sport peut changer les mentalités. Oliver Liang, expert à l'OIT, s'interroge de son côté sur le statut des athlètes paralympiques. Ce podcast offre un regard neuf sur le rôle des Jeux pour favoriser l'inclusion.

Transcription

Bonjour et bienvenue

dans ce nouvel épisode du podcast de l'OIT sur l'avenir du travail.

Je suis Guebray Berhane votre hôte pour aujourd'hui

et nous sommes au cœur des Jeux paralympiques de Paris 2024

avec, tenez vous bien, 4400 para-athlètes représentant

170 délégations qui s'affrontent dans 22 disciplines.

Mais au delà de la compétition, ces jeux offrent une opportunité unique

de réfléchir à la place des personnes handicapées dans le monde du travail,

dans le monde du sport et à l'impact des Jeux paralympiques sur leur inclusion.

Aujourd'hui, nous allons aborder ces enjeux avec deux invités de marque

Josh Vander Vies, ancien athlète paralympique et actuel directeur

de la diversité à l'aéroport international de Vancouver, au Canada,

et Oliver Liang, qui est chef de l'unité des services publics et privés à l'OIT

et spécialiste

des questions liées au sport, à l'éducation, à la culture et aux médias.

Josh, merci de vous joindre à nous.

Bonjour, un vrai plaisir ! Bonjour Guebray !

Magnifique. Josh,

vous avez participé aux Jeux paralympiques de Londres en 2012.

Comment est-ce que vous avez vécu cette expérience et comment

vous la voyez par rapport à Paris 2024 ?

Ah, mon sport, ça a été la boccia.

C'est un sport unique aux Jeux paralympiques,

ça n'a pas de contre sport olympique.

C'est un sport de précision avec des balles en cuir sur un terrain dur.

C'est un peu comme la pétanque ou le curling.

C'était incroyable, Londres.

Vraiment un moment magnifique pour le mouvement paralympique.

La Grande-Bretagne et

Londres ont juste vraiment saisi

la fierté de sport et du handicap à ces jeux là.

Heureusement, incroyablement,

j'étais capable de dégager une médaille de bronze.

J'ai pu gagner le bronze avec mon coéquipier

Marco Dispaltro.

C'était le point haut de ma carrière,

bien sûr.

Au temps j'ai été à l'École des droits

à l'université de Colombie-Britannique.

J'ai eu la permission de faire ça

à temps partiel, qui n'est pas

donné très souvent.

Alors, j'avais le soutien de mes collègues à l'école

et j'avais le potentiel de ma carrière en devant de moi.

Ça m'a donné des opportunités

d'entrer dans des chambres que je ne pouvais pas entrer auparavant

et voilà, c'est le départ

à une carrière de leadership dans et hors du sport.

Mais là, je suis à Paris comme

Co-chef de mission pour l'équipe canadienne.

J'ai été Président de AthletesCAN

c'est l'organisation des équipes olympique paralympique et nationale

au Canada.

C'est compris des représentants élus

d'athlètes à travers tous les sports.

Alors voilà un autre moment de leadership ici à Paris. J'ai juste tellement hâte

pour voir qu'est ce que notre équipe va faire les prochains jours.

Félicitations ! Vraiment impressionnant.

Alors j'ai une question aussi

par rapport au renforcement du statut des Jeux paralympiques.

Est ce que vous pensez que ça a influencé la perception des personnes handicapées ?

Et plus particulièrement des athlètes ?

Oui, je crois que oui.

Moi, je cherche

toujours des initiatives qui font de vrais changements.

Dans ce travail de changer de perception

dans le travail de diversité,

il y a vraiment beaucoup d'initiatives

qui n'ont pas de vrais résultats.

Et de mon avis, le sport handicapé, c'est vraiment quelque chose

qui fonctionne pour changer des pensées.

C'est des milliers et des milliers

d'histoires et d'images et de vidéos qui

s'écoulent à travers le monde entier pendant les jeux.

C'est cvraiment quelque chose de tellement différent de voir

des athlètes qui sont fiers de qui ils sont, qui sont fiers de leur handicap.

C'est tellement

incroyable de voir ça que je crois que ça change vraiment, vraiment les idées.

Oui, absolument.

Et je crois que la culture sportive anglaise,

a vraiment saisi

ce concept le plus. D'accord, c'est très bien.

Alors juste une suite,

une question par rapport à ça.

Les Jeux paralympiques sont,

aussi souvent associé à l'image

peut être qu'on donne aux para-athlètes de super héros.

Est ce que

ça, ça peut donner une compréhension erronée de l'inclusion

par rapport au handicap ou vous penser que ça va?

Cet aspect là des super humains, c'est vraiment intéressant.

Le problème, c'est que

quand une personne handicapée est vue

comme un super héro, comme un super humain,

juste pour exister avec un handicap,

c'est vraiment ça le problème.

Parce que non, c'est pas héroïque d'avoir un boulot,

c'est pas héroïque d'avoir de l'argent et d'aller

au restaurant et de commander un repas

et de partager avec vos amis ou votre famille.

Tout ça n'est pas héroïque, c'est

carrément normal.

Mais les performances élites,

athlètiques des paralympiens, c'est vraiment extraordinaire.

C'est tellement difficile de se qualifier pour les Jeux.

Et quand on dit qu'un handicap

rend une personne super humain,

ça peut être un exercice de dire que qu'elles sont

autres, des autres, que - c'est une façon de

de donner des différences ou des différences n'existent pas.

Alors de mon avis, je crois que les Olympiens,

les athlètes de haut niveau international

et les paralympiens sont des super humains,

mais il ne faut pas oublier que

on doit avoir du respect

pour des personnes handicapées normales.

Et il ne faut pas être un athlète,

il ne faut pas être un leader, il ne faut pas être un avocat ou

quelqu'un qui donne des discours motivationnels

juste pour achever

une existence normale.

Et c'est ça que des narratives de super humains

peuvent suggérer.

Alors Oliver,

je me penche maintenant vers vous.

Selon l'OIT, l'Organisation internationale

du travail, les athlètes professionnels,

y compris les paralympiens sont avant tout des travailleurs.

Alors, pour vous, quels sont les principaux défis qu'ils rencontrent

pour concilier la carrière sportive avec la vie professionnelle ?

Oui, merci.

Bon en faite comme Josh a dit, les athlètes sont des super héros

bien sûr avec toutes leurs performances, mais ils sont pour l'OIT aussi des travailleurs,

surtout en ce qui concerne les droits fondamentaux du travail.

Les athlètes gagnent

bien sûr des revenus par rapport au sport, ce n'est pas

peut être des revenus directs, mais aussi par rapport à

des produits par exemple qui peuvent soutenir

et surtout aussi une identité.

Et puis c'est clair que juste pour être sur un podium,

c'est énormément du travail qu'il y a derrière là, comme Josh a relevé.

C'est une training,

il est incroyable pour tout ces performances.

Donc pour moi, ce qui est important c'est que tout d'abord

que toutes les athlètes peuvent avoir le droit de syndicalisation.

Deuxièmement, je crois qu'il y a certains droits qui sont très importants,

la sécurité et santé au travail, c'est quelque chose très important.

On sait que le stress énorme de d'entraînement,

mais aussi le stress mental il est très, très important.

Et comme vous avez soulevé, il y a surtout aussi

cette question de se préparer pour une vie après le sport.

C'est vraiment très impressionnant que quelqu'un comme Josh, par exemple,

a pu se former comme juriste à côté du sport.

Et puis c'est clair que

c'est important que toutes les carrières sportifs

et aussi en même temps ce soutient, cette possibilité

d'avoir une deuxième carrière pour se préparer

pour cette étape qui vient après la haute performance.

C'est très bien à ce point là, parce que Josh,

ce serait intéressant de voir si vous pouviez nous expliquer

comment vous avez mené une carrière qui est très réussie en dehors du sport?

Comment est ce que vous avez réussi à concilier les deux mondes ?

Et puis qu'en est-il

peut être d'autres personnes handicapées que vous connaissez ?

J'avais une famille autour de moi qui m'a donné un support

incontournable. Il faut avoir une

une organisation incroyable. Il faut avoir

cette attitude

qu'on peut absolument tout faire, et heureusement ou malheureusement,

voilà l'attitude de base de la plupart des athlètes de haut performance.

Alors ça peut

mener à des

à la réussite, des biens incroyables, ça peut mener

à des problèmes de santé mentale

avec le burn out bien sûr.

Moi, j'ai toujours

connu dans ma tête que le sport

serait juste une étape dans ma vie et que je ferais toujours

des choses plus grandes que le sport.

Mais c'est quand même difficile

parce que le sport, gagner une médaille paralympique,

ça a été tellement énorme que je me demande souvent

si c'est possible de faire des choses plus grand que ça.

Je crois quand même que je le ferais

et je crois quand même que je l'ai déjà fait comme avocat.

Moi je pratique le droit de bienfaisance, alors

je créé des organismes de bienfaisance au Canada.

J'ai eu des dossiers d'équité en matière

d'emploi, la discrimination et j'ai pu

faire partie

d'un groupe de travail qui a étudié

la loi au Canada

en matière d'équité en emploi.

Et cela m'a mené à

une position de leadership à YVR

à l'aéroport international de Vancouver, où je suis

directeur de diversité, inclusion et appartenance.

Alors, je trouve que

le handicap et le focus

du handicap sur l'élimination des barrières,

c'est vraiment très utile dans les autres aspects d'inclusion.

Parce que là, quand on identifie et on enlève

les barrières, c'est là vraiment

l'aspect que

les lieux de travail peuvent contrôler pour faire une différence.

Mais pour traverser le pont

d'un carrière d'athlète

à mon autre carrière, ça a été vraiment dans l'attitude.

J'ai toujours cru que

mes études ont renforcé mes performances,

que mes études, ma ma toujours fait un meilleur athlète

de vivre dans deux mondes

tellement intense. D'accord, et Oliver

que fait l'OIT et l'Organisation Internationale du travail pour

pour améliorer notamment les normes du travail,

pour pouvoir aider notamment ces athlètes professionnels,

et ce dans un cadre plus large de l'industrie du sport.

Bon, je crois que le principe le plus important, c'est de soutenir

ce qu'on appelle le dialogue social, c'est à dire

soutenir ou

assurer en fait le droit de syndicalisation

pour les athlètes, pour qu'ils puissent avoir une voix

dans les instances de gouvernance, dans le sport.

Ça, c'est le plus important.

On a vu par exemple, entre les syndicats de football,

ils ont commencé à dialoguer, à avoir un dialogue social profonde

avec dans les ligues de football

et ça l'OIT le soutien en donnant

des

des appuis techniques sur certaines questions,

par exemple à la sécurité santé, au travail

ou la discrimination.

Donc je crois que c'est quelque chose que l'OIT peut

poursuivre aussi avec d'autres sports, type de sport et peut être un de ces jours

aussi dans les sports paralympiques.

J'imagine que beaucoup des défis

qui sont devant des athlètes sont dans toutes les sports.

Et puis le dialogue social, c'est vraiment un moyen pour

attaquer ces problèmes et - on espère - les résoudre.

D'accord.

Josh,

Bon, vous avez parlé

des deux mondes qui sont quand même assez délicat à gérer.

Si on vous dit que les athlètes handicapés rencontrent plus de difficultés

pour développer des carrières parallèles ou postes athlétiques, on va dire.

Qu'est ce qu'on peut faire pour pour les soutenir davantage ?

Ça dépend vraiment

du cas individuel.

Oui, évidemment.

Je dirais que les personnes handicapées en général ont évidemment

des barrières à aller chercher de l'emploi,

des barrières physiques,

comme l'accessibilité

du lieu de travail, manque de toilettes accessibles,

des choses vraiment de base qui existent quand même aujourd'hui.

Il y a aussi des barrières d'attitudes

où même les athlètes de haut niveau handicapés

ne se voient pas comme des travailleurs,

comme des travailleurs handicapés,

comme des travailleurs comme tout le monde,

Leurs familles dès l'enfance, quand on est parent, on a

un enfant handicapé, c'est délicat à gérer comme vous disiez,

et c'est juste

le montant de barrières

qu'on fait face au fur et à mesure nos vies.

Et ils accumulent.

Et c'est juste le concept de vraiment

voir des options, voir qu'est ce qu'on est capable de faire.

Par exemple, moi j'étais né sans la plupart de mes bras

et jambes et j'utilise un fauteuil roulant électrique.

Pour moi, ça a toujours été un aspect intellectuel.

J'ai connu que

que je serais obligé de faire du travail avec mon cerveau.

J'ai toujours

essayé

de voir qu'est ce que j'ai été capable de faire.

Alors un exemple, c'est de

apprendre ma deuxième langue, le français.

Par exemple, je suis allé à l'immersion française

depuis la maternelle au Canada et je me suis dit

voilà quelque chose que moi je suis capable de faire.

J'ai vu

la carrière en droit comme juriste, j'ai dit voilà quelque chose que moi

je suis capable de faire, de travailler pour représenter des clients,

de faire le travail intellectuel, pour étudier

et étudier les enjeux et de

construire des arguments et de protéger les droits des personnes.

C'est pour moi. Alors c'est un aspect créatrice

qui est nécessaire quand on est handicapé,

lorsqu'on est athlète.

Bon écouter, merci, merci beaucoup.

Voilà, chers auditeurs, nous arrivons à la fin de cette de cet épisode riche

en perspectives sur l'avenir du travail, le sport et l'inclusion

des personnes handicapées.

Les Jeux paralympiques de Paris 2024,

ce sont pas seulement un événement sportif d'envergure,

mais c'est aussi un catalyseur, peut être

de changement social, comme nous l'avons entendu aujourd'hui.

Je tiens à remercier chaleureusement nos invités

Josh Vander Vies et Oliver Liang pour leurs interventions,

pour leurs interventions précieuses, inspirantes.

Et si vous avez apprécié ce podcast, n'hésitez pas à le partager.

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et l'impact des grands événements comme les Jeux paralympiques.

Merci de votre attention et à très bientôt pour un nouvel épisode

du podcast de l'OIT sur l'avenir du travail.